Le turban hijab est l’un des accessoires de mode les plus répandus. Toutefois, ce couvre-chef n’était autrefois arboré que par une minorité pour qui il avait une symbolique culturelle et spirituelle. Dans la mode, le turban hijab a-t-il toujours une signification religieuse ? La réponse dans cet article.
Les origines du turban hijab
Le turban hijab trouve ses origines dans les cultures perse, turque et celle des pays arabes. C’est une longue écharpe enroulée en plusieurs tours autour de la tête sous la forme d’un couvre-chef. En guise d’ornement, certaines civilisations nouent leur turban en se servant de plusieurs pièces de tissus différents. D’autres voient en cet accessoire une symbolique culturelle et spirituelle. C’est le cas notamment des peuples du golfe de la Perse ancienne, pratiquant le sikhisme et des Indiens.
Le turban hijab est aussi très présent en Afrique de l’Ouest. À la base nouée par les touareg du nord du Mali, il leur permettait de se protéger du soleil. Plus tard, les pratiques et tendances ont évolué, le couvre-chef devient alors le symbole de la féminité.
Principalement attaché sur les coiffures enturbannées, le turban hijab est souvent réservé pour les grandes occasions. Il est assorti avec de nombreuses tenues, mais l’association avec un pagne et une camisole est ancrée dans la coutume malienne. Arborée à la façon d’une corolle de fleur auréolant la tête, cette pièce de tissu met en valeur le charme ébène.
Dans la culture malienne, le turban hijab est essentiellement l’apanage des femmes mariées. Ces dernières l’arborent afin d’éloigner les hommes qui auraient l’intention de les courtiser. Chez les yorubas (Nigeria, Bénin, Togo, Ghana…), c’est la position du nœud qui détermine la situation matrimoniale d’une femme. Ainsi, une mariée pointera son nœud à droite alors qu’une célibataire le nouera sur le côté gauche.
Quand le turban hijab se réinvente
En 1910, le couturier Paul Poiret introduit le turban dans l’hexagone et l’intègre à ses créations. Il l’associe à son célèbre « harem pants », un pantalon large emprunté à la mode orientale. Le créateur de mode s’approprie le nœud qu’il orne par la suite de pierres, de plumes et de tiares. Toutefois, ce n’est qu’à partir de 1930 que le turban gagne en popularité auprès de la gent féminine. Il est modernisé par la créatrice Elsa Schiaparelli et devient un symbole de charisme et d’élégance. Dès lors, bon nombre de designers se sont emparés de cette mode. Ce couvre-chef se marie à la perfection avec les looks urbains et permet d’y ajouter une touche à la fois exotique et orientale.
Certaines ambassadrices de la beauté ébène ont aussi contribué à la démocratisation du turban hijab au-delà des frontières. Il s’agit notamment de la Mexico-Kényane Lupita Nyong’o et de l’Africaine-Américaine Alicia Keys. De ce fait, les femmes, quelle que soit leur couleur de peau, arborent fièrement cet accessoire tout en étant décomplexées.
Aujourd’hui, le turban s’impose comme une symbolique d’affirmation identitaire. Prônant la beauté au naturel, il défie les principes de beauté imposés par l’occident. Ce couvre-chef perçu durant la période coloniale comme un signe d’asservissement permet désormais aux femmes d’affirmer leur émancipation. Elles peuvent désormais fièrement l’arborer aussi bien chez elles que lors des grandes occasions sans craindre les critiques et préjugés.